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Un ENT, depuis le haut ou depuis le bas ???

Par 8 avril 2009mars 29th, 2019Archives Cyberloire, Labticea, News

Un article qu’il me semble très intéressant de rediffuser ici, surtout dans un climat ou la multiplicité des outils semble faire débat au sein des acteurs du RDAC.
Alors que si pour beaucoup d’entre nous l’usage des différents services 2.0 que nous propose le web ne semble pas poser de problèmes, il est vrai que pour encore une grande majorité l’attente de “l’outil unique” reste l’objectif et pourtant… au delà du fait que techniquement cette attente ne soit pas prête d’aboutir, je pense que culturellement et socialement parlant ce ne soit pas une ambition bénéfique pour les usagers finaux.

Cela me renvoie trop à une volonté de “formatage” du web, de la stratégie montante de “verrouiller” internet et du culte de la pensée unique. Si co-produire et travailler en réseau est à mon sens une obligation structurelle de notre société dite numérique, cela ne doit pas se faire dans un environnement “centralisateur et unique”. Si nous voulons atteindre l’équilibre parfait entre qualitatif et quantitatif qui est une des conditions principales pour créer de l’intelligence collective, cela ne doit pas et ne peut pas se faire par les outils… ils ne sont que des moyens et non une finalité.

Si on a vraiment l’envie de co-produire, peu importe l’outil, ce qui compte c’est la gouvernance que l’on adopte… et du moment qu’elle est claire et approuvée collectivement, le reste n’est qu’un souci d’accompagnement et de partage de la connaissance.

Voila donc mon point de réflexion en lisant cet article que je partage ici avec vous…

Orgine de l’article : http://www.brunodevauchelle.com/blog/?p=271
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Les observations des difficultés de déploiement des ENT dans le monde scolaire pose la question du modèle de déploiement.

La tradition jacobine française consiste à chercher à proposer un outil central (après expérimentation ou pas) qui s’impose à tous. On voit bien ce que cela donne pour la gestion des impôts sur Internet par exemple et on en comprend bien évidemment l’intérêt surtout lorsque un modèle unique s’applique à tous. La transposition de ces modèles centralisés dans l’éducation nationale est un vieux rêve toujours réactualisé. L’essence même de l’enseignement étant l’humain, il me semble inévitable que le local l’emporte sur le global. Cependant les deux doivent aller ensemble au sein d’une institution qui entend s’adresser de manière égalitaire à tous.

A propos du déploiement des TIC dans l’environnement scolaire, l’émergence de la notion de d’ENT se présente comme un intéressant objet d’étude. En effet depuis 2003, et surtout 2004 les ministère, relayé par les services rectoraux tentent de proposer des outils complets et clés en main. A leurs cotés, les concepteurs de toutes origines (du logiciel libre, comme du logiciel propriétaire) vont dans le même sens, a l’instar du monde de l’entreprise ou de l’administration. De surcroit des collectivités territoriales embrayent pour accéder au même projet, s’appuyant parfois, ou pas, sur les rectorats ou sur le secteur privé.

Si l’on observe les pratiques sociales des TIC, mais aussi les pratiques en place dans les établissements scolaires, on remarque que “l’environnement numérique des activités” se développe en réalité de manière atomisée et pragmatique. D’une part une multiplicité de petites applications rendent des services adaptés à des besoins ponctuels et contextualisés, mais elles sont largement indépendantes les une des autres. D’autre part, des pratiques individuelles, aussi bien des enseignants, des élèves que des autres membres des communautés éducatives s’appuient sur des outils grands publics aux fonctionnalités variées et souvent aussi indépendantes que celles des établissements.

Ainsi le problème se trouve posé par le face à face entre un projet centralisé et des pratiques atomisées. Comment dépasser cette opposition qui risque fort de retarder une évolution possible, mais pas forcément souhaitée. Plusieurs hypothèses peuvent se présenter :

1 – le forcing pour imposer un ENT semble être le chemin suivi par certains. De manière souvent cahotique (chaotique ???) ce genre de projet peut tout à fait advenir si la puissance publique (état et collectivités) parviennent à s’entendre au delà des usages et des usagers. L’un des écueils est celui du rejet des usages si le produit proposé se trouve trop en écart avec les pratiques individuelles et que celles-ci semblent avoir fait leurs preuves pour les usagers (imposer un chat rudimentaire à l’époque des messageries instantanées et autres outil de visio… peut amener à des rejets forts)

2 – Laisser émerger les solutions par le terrain, en même temps que les difficultés pour “cueillir” le fruit mûr. Cela risque de prendre du temps et surtout rendre un ensemble de données et de pratiques intransférables. EN effet si les solutions isolées se développent sans lien, la récupération ultérieure risque d’être difficile. De plus le temps que des solutions s’imposent peut être long surtout si les concurrences sont vives et si les options sont radicalement différentes. Il y a aussi le risque que les pratiques grand public ne s’imposent à des milieux dans lesquels elles ne sont pas forcément adhoc (mais pourquoi pas ?).

3 – Encourager les expérimentations pour ensuite utiliser les modèles de la généralisation des innovations ou des bonnes pratiques est un autre voie retenue d’ailleurs par le ministère autour d’un cahier des charges initiales. Solution médiane entre les deux précédentes, elle présente l’avantage sur la première de la légitimité et sur la seconde de l’efficacité prouvable. Malheureusement, il semble que dans certains milieux (et pour l’instant on l’observe aussi dans l’EN) les expérimentations et les innovations ont avant tout pour vertu d’empêcher le passage à la généralisation. Cela génère des résistances en particulier chez ceux dont la solution n’étant pas retenue s’opposent à toute autre solution considérée comme meilleure par une instance tiers. On se retrouve parfois dans la situation 2

4 – Favoriser le développement de normes d’interopérabilités et la mise en place de logiciels “intégrateurs”. Par logiciel intégrateur, nous entendons plutôt l’idée d’une mise à disposition unifiée de ressources dispersées et qui le restent. Cette solution est techniquement très complexe quand les usages développés sont très diversifiés. Le problème de tels développement (comme le montre des produits comme elgg) est la complexité et la difficulté en particulier au niveau des identifications de la sécurité et de la confidentialité.

5 – Remettre à chaque personne la responsabilité de faire le lien avec ses moyens propres (informatiques ou non). C’est la solution ancienne. Sans informatique, seul le sujet peut être à même de faire le lien entre toutes ses activités et devient donc le seul à pouvoir interconnecté toutes ses traces. Le problème est double : d’une part la lourdeur du travail pour chaque personne de devoir rassembler des ressources issues d’applications multiples puis de les mettre dans un format unique, d’autre part la difficulté que chacun peut avoir pour disposer des compétences suffisantes pour effectuer ce travail de mise en lien.

Il est possible que d’autres solutions existent, mais pour l’instant il me semble que nous avons là des catégories génériques qui permettent de réfléchir le développement des ENT non seulement sur un plan technique, stratégique ou politique, mais aussi de le réfléchir dans ses dimensions anthropologiques, autrement dans sa complexité

A suivre et à débattre

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