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L’impact des TIC à l’école

Par 27 février 2009avril 5th, 2019Archives Cyberloire, News

Une récente étude de l’INRP pose la question de l’utilisation des technologies d’information et de communication (TIC) dans l’enseignement. Comment, notamment, individualiser les enseignements grâce aux TIC et ainsi mieux éviter l’échec scolaire ?

Cette importante étude de l’Institut national de recherche pédagogique (INRP), richement documentée, entend dégager des éléments de réflexion aussi bien en France qu’à l’étranger pour « montrer en quoi les TIC offrent des outils et des services qui présentent une certaine efficacité pour l’enseignement et l’apprentissage ». L’idée centrale étant qu’elles permettent « la prise en compte des différences individuelles, favorisent l’individualisation des enseignements et représentent, de fait, une alternative pour gérer l’hétérogénéité des élèves ». Mais les TIC en tant qu’outil présentent aussi certains écueils que l’étude indique également.

Des TIC ou du toc pour l’enseignement ?
La première question est simple : les TIC sont-elles utilisées en classe ? En France, il apparaît que d’une manière générale l’utilisation des TIC en classe reste faible. Une des explications avancées est liée à la non-perception par les enseignants de la valeur ajoutée des TIC appliquées à l’éducation (TICE). Cette situation semble être une caractéristique distinctive de la situation française. Dans d’autres pays comme en Angleterre, les enseignants ont développé des usages des TICE en classe (et probablement des pratiques) même si la situation est encore variable selon les disciplines. La France accuse donc un retard côté TIC, il y a pourtant de nombreux usages possibles de celles-ci, tous relativement bien adaptés à l’enseignement.

Six catégories de ressources numériques utiles
De quelles TIC parle-t-on, et, au-delà, de quelles fonctionnalités, concrètement ? À l’intérieur des ressources numériques, on recense six catégories différentes relatives à leurs fonctions. Ce sont :

• les portails, moteurs de recherches et répertoires ;
• les documents généraux de référence ;
• les banques de données et d’œuvres protégées ;
• les applications de formation ;
• les applications scolaires ;
• les applications éducatives.

Sur le plan des usages, ces ressources peuvent ensuite être exploitées dans des projets pédagogiques relatifs à :

• la télé-correspondance (correspondance scolaire, téléconférence, classe virtuelle) ;
• l’édition et la publication (les élèves doivent construire un site web, publier un journal, réaliser une émission radiophonique ou télévisuelle) ;
• la recherche et la gestion documentaire (recherche documentaire, l’orientation et choix de carrière, entrepreneuriat) ;
• la collecte et le partage d’informations (mutualisation des informations, télécollaboration) ;
• la résolution de problème (cyber-enquête, laboratoire virtuel) ;
• l’apprentissage, l’étude et formation à distance ;
• des projets thématiques et transdisciplinaires.

Ces ressources peuvent être mobilisées dans différents projets pédagogiques selon les objectifs définis par les enseignants. On pourra notamment les utiliser pour « individualiser les enseignements et ainsi mieux répondre aux besoins de chacun ». Ces réponses peuvent faire appel à la fois à des services en ligne, des logiciels de gestion, d’édition et de communication et à l’accès à des informations ou à des données spécifiques.

Bons points et mauvais points pour les TIC
L’argumentaire en faveur de l’efficacité des TIC dans l’enseignement repose principalement sur le recensement de « bons usages » ; chaque jour, parents, enseignants et observateurs constatant des effets pédagogiques positifs dans certaines circonstances.

L’étude retient notamment qu’une enquête (Mission e-Educ, 2008) menée par la Commission européenne auprès d’enseignants français révèle que ces derniers reconnaissent l’impact de ces équipements sur l’attention et la motivation des élèves (88 % pour le Tableau Numérique Interactif et 76,8 % pour l’ordinateur, tous niveaux confondus). Néanmoins, si certaines caractéristiques semblent bien établies, il apparaît « délicat de mesurer l’impact des TIC sur la performance des élèves et de tendre à une généralisation des résultats tant les contextes et les situations pédagogiques sont spécifiques ».

En positif, sont mentionnées les améliorations attribuées à l’utilisation des TIC dans les salles de classe. Parmi les effets négatifs, est évoquée l’influence plus générale d’une utilisation intensive des TIC sur les capacités cognitives et langagières des élèves. Dans cette perspective, les meilleures performances aussi bien en mathématiques qu’en lecture s’observent généralement chez les élèves qui ont un degré moyen d’utilisation des ordinateurs. Cette dernière constatation laisse penser « qu’une utilisation excessive des ordinateurs pourrait avoir un impact négatif sur les performances scolaires ».

Grâce à certaines études qualitatives, les auteurs des différentes sources explorées par l’étude ont pu recueillir des indicateurs de l’impact pédagogique des TIC en ce qui concerne une amélioration :

• de la motivation, du plaisir d’apprendre ;
• de l’estime de soi ;
• des compétences dans le domaine des TIC ;
• des aptitudes au travail en collaboration ;
• des connaissances dans chaque discipline ;
• des aptitudes à traiter des données ;
• des compétences méta-cognitives.

Il ressort de ce travail que l’usage des TIC est préconisé lorsqu’on privilégie les approches centrées sur l’apprenant. Parallèlement, une inquiétude étayée par plusieurs études (TIMSS, Third International Mathematics and Sciences Study) fait apparaître que « le renforcement des approches centrées sur l’élève va de pair avec la baisse des résultats scolaires lorsqu’on utilise les méthodes d’évaluation scolaire classique ». Les élèves sont habitués à obtenir des informations facilement grâce aux TIC de sorte qu’ils ne travaillent pas autant qu’il le faudrait pour apprendre efficacement… Un vrai sac de nœuds.

Des dispositifs innovants pour s’assurer du bon usage des TIC
L’outil informatique permet la mise en place de stratégies pédagogiques fondées sur le développement de l’autonomie dans la construction des savoirs, des interactions entre élèves et des activités de métacognition. L’enseignant peut « jouer pleinement son rôle de médiateur et adopter une posture réflexive vis-à-vis des difficultés d’apprentissage des élèves ». Mais encore faut-il que les TIC soient employées correctement.

Une expérimentation « aide en ligne » a par exemple été menée de 2004 à 2006 dans sept collèges de Moselle abonnés au programme de l’éditeur Paraschool pour l’accompagnement du travail des élèves en classe et après la classe. L’enquête réalisée montre que cette aide numérique est efficace en mathématiques, français, histoire et physique-chimie, surtout pour les élèves les plus faibles et à condition d’être encadrée par un professeur. Cette expérimentation pose un ensemble de questions sur la place incontournable de la « médiation cognitive » assurée par les enseignants ou par les tuteurs, sur l’accès aux ressources ainsi que sur l’adaptation de la tâche aux difficultés et aux profils des élèves.

TIC ou pas TIC à la fin ?
En somme, les TIC semblent améliorer certaines connaissances, certaines aptitudes, ainsi que des compétences transversales, concernant particulièrement la motivation, le plaisir d’apprendre, ou encore dans un autre registre, l’estime de soi. En outre, la flexibilité, l’accessibilité, les modes de communication et d’interaction accrues, la variété des modes d’enseignement et d’apprentissage, et l’augmentation de la capacité de résolution de problèmes et d’utilisation des stratégies méta-cognitives des élèves sont des éléments consignés par d’autres chercheurs et semblent faire consensus. Les TIC peuvent donc apporter une réelle contribution à l’individualisation des enseignements « à condition de les utiliser à bon escient et de façon adaptée ».


Source :
– « Impact des TIC dans l’enseignement : une alternative pour l’individualisation ? ». INRP, janvier 2009.


Antonin Iommi-A., février 2009 –

antoniniommi@cidj.com

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