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Comment la vie privée disparaît, pixel par pixel…

Par 24 mars 2010avril 6th, 2019Archives Cyberloire, Labticea, News

Si un inconnu vous abordait dans la rue, lui donneriez-vous votre nom, numéro de sécurité sociale  et adresse email ? Il y a fort à parier que non.

Pourtant, on ne peut que rester interloqué du nombre d’informations que nous laissons sur Internet à partir desquelles ces éléments d’identité essentiels peuvent être déduits. Des services que nous utilisons tous, qu’il s’agisse de Facebook, Twitter ou Flickr, sont une mine d’informations personnelles, de félicitations d’anniversaire en tweet professionnel, de photos publiées en films regardés, etc.

Les scientifiques comme les experts informatique nous indiquent que ces bouts d’information à priori bénins peuvent désormais être collectés et assemblés par ordinateur afin de créer une image de l’identité d’une personne, parfois jusqu’au numéro de sécurité sociale.

Lors d’un projet scolaire du MIT qui a fait couler de l’encre l’an passé, 4.000 profils Facebook d’étudiant on été analysés, et l’on pouvait déterminer avec environ 80% d’exactitude les orientations sexuelles des personnes analysées. Réservées pour l’instant aux recherches universitaires et associées à de puissants algorithmiques statistiques, ce genre de démonstrations n’est pas (encore) l’apanage des voleurs d’identité ou de pros du marketing.

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Cependant, un nombre croissant d’organismes, dont la CNIL, s’inquiète du fait que les lois protégeant la vie privée n’aient peut-être pas été en mesure d’accompagner les évolutions technologiques comme il se doit. Ces considérations ne sont pas exagérées, si l’on considère par exemple le fait que Netflix (un des service de VOD américain les plus connus) a payé un million de dollars à l’équipe d’experts informatique et de statisticien gagnante de leur dernier concours. Celui-ci consistait en l’analyse de l’historique de location de 500.000 abonnés afin d’améliorer leur service de recommandation de l’ordre de 10%. Netflix a d’ores et déjà annoncé l’abandon d’un second concours, au motif que des chercheurs ont pu, malgré l’anonymisation des données du 1er concours, retrouver l’identité de certains abonnés en recoupant leur façon de noter et recommander les films qu’ils avaient visionnés.

Sur les réseaux sociaux, on peut se prémunir de ce genre de risques en adoptant une politique de contrôle étendue sur nos profils personnels. Pourtant, peu d’actions individuelles peuvent selon les chercheurs nous prémunir contre la perte de notre vie privée dans cet espace interconnecté qu’est devenu le web. Vous pouvez choisir de ne pas révéler d’informations personnelles, mais vos amis et collègues virtuels peuvent le faire pour vous, en faisant référence à votre école, vos études, votre employeur, vos intérêts, etc. Les interconnexions et informations de sources tierces sont parfois plus révélatrices que ce que vous choisissez de révéler.

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« Sho(u)t » de Vincent Elka

“La vie privée n’est plus une donnée strictement individuelle”, selon Harold Abelson, professeur de science informatique au MIT. “Dans le monde interconnecté d’aujourd’hui, ce que vous disait votre mère était vrai, en beaucoup plus prononcé : les gens vous jugent par rapport à vos amis

D’autre expérimentations ont permis, à partir de données disponibles sur les sites de réseaux sociaux ainsi que d’autres sources, d’identifier par exemple la date et le lieu de naissance d’individus, ce qui permet de déterminer une partie du numéro de sécurité sociale. Le potentiel de croisement de base de données telles que celles-ci est donc extraordinaire en termes de rentabilité pour des opérations de vol d’identité numérique à grande échelle, par exemple.

On ne peux que prendre à cœur les conseils les plus récents de la CNIL en ce qui concerne la gestion des traces que nous laissons sur Internet, et apprendre au plus vite à gérer nos identité numériques. Les réglementations appliquées localement (droit à l’oubli numérique, par exemple) ont en effet peu de chances d’être prises au sérieux dans cet espace globalisé et interconnecté du web actuel.

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Il nous importe donc à tous d’être conscient que pratiquer n’importe quelle activité en ligne revient à la pratiquer désormais quasiment en public, et que notre comportement devrait donc s’y adapter en conséquence !

sources et ressources :    CNIL |  NY Times |   Forum des Droits sur l’Internet

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