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Les cryptomonnaies, le conseiller numérique et le conseiller financier…

Étienne est Conseiller Numérique France Service.
Il exerce depuis 2022 dans l’espace public numérique (cybercentre) d’une Maison France Services. Dans une commune d’un peu moins de 2000 habitants, d’un territoire plutôt rural situé dans le département de la Loire.
Il partage ici avec nous certains aspects de son métier.

photo EtienneBienvenue sur mon journal, enfin plutôt dans mon intimité de CNFS (Conseiller Numérique France Services) .

Avec ses hauts et ses bas mais toujours dans la joie 😉

 

 

Notre métier de médiateur numérique cache de belles surprises, chaque jour est différent et c’est ce que j’adore. On ne sait jamais quelle problématique, ni quel sujet va débouler de la porte. Et parfois, nous avons des surprises et des demandes inattendues.

Aujourd’hui, j’ai choisi de vous raconter l’une d’entres elles, survenue il y a quelques jours maintenant.

Nous sommes le vendredi 10 mars, et j’ai rendez-vous avec Madame L.

Madame L. à 70 ans, et est plutôt compétente avec l’outil informatique. Elle manque simplement de confiance en elle. Ce qui parfois la bloque dans l’aboutissement de certaines choses qu’elle entreprend via l’outil.

Cette fois, elle est venue pour une problématique tout autre, une problématique que je n’aurais jamais pensé aborder en tant que médiateur numérique. Celle de la cryptomonnaie!

La cryptomonnaie !?

Mes yeux se sont totalement écarquillés! Dans ma tête, je me suis dit “Elle a vraiment dit le mot cryptomonnaie?“. Non pas parce que Madame L. est une personne d’un certain âge, mais parce que je pensais sincèrement ne jamais aborder cette problématique, enfin plutôt ce sujet.

Je suis moi-même, un féru de cryptomonnaie. J’adore le principe des blockchains (ou chaîne de blocs) et cela me fascine.

À l’heure actuelle, tout le monde à au moins entendu parlé une fois de cryptomonnaie, ou plutôt du Bitcoin (le crypto-actif le plus connu, mais aussi le plus utilisé), mais combien s’y intéressent réellement? Combien l’utilisent comme moyen de paiement ou comme investissement?

En France :

Selon KPMG France (KPMG est un réseau de cabinets d’audit et de conseils comptables exerçant dans 150 pays) et l’ADAN (Association pour le développement des actifs numériques), seulement 8% des français possèdent de la cryptomonnaie, contre 4% à l’échelle mondiale selon Triple A.

Toujours selon l’étude de KPMG France et de l’ADAN, 30 % des français n’ont pas encore franchi le pas, mais envisagent d’en acquérir.

Etude : La crypto en France : structuration du secteur et adoption par le grand public – Adan

Bref, revenons en au faits !

Je ne rêvais pas. Madame L a bien parlé de cryptomonnaie. J’ai hâte de commencer cette discussion, mais attention! Mon avis personnel ne doit absolument pas sdéborder sur ma neutralité de conseiller numérique. Ne mélangeons pas tout!

Madame L. s’exclama : “J’ai investi il y a 4 ans dans la cryptomonnaie!

OK! Clairement, Madame L. fait partie des 8 % de français et des 4 % mondiaux, je suis plutôt impressionné.

MAIS EN PLUS, ELLE FAIT PARTIE DES “PRECURSSEURS” !!!! Je suis MEGA IMPRESSIONNE !

Après ça, qui osera dire que les “vieux” n’y connaissent rien en technologie moderne ?!

Madame L. continue : “Je souhaiterais retirer mes actifs, mais je ne me souviens plus de la manipulation à faire pour récupérer mes sous.

Je répondis qu’il n’y avait pas de soucis et que nous allions regarder ça ensemble. Puis par curiosité, je lui demande comment a-t-elle connue la cryptomonnaie et dans quelle “crypto” elle a investi.

Elle m’expliqua que c’était par le biais d’un ami à elle, qui lui avait indiqué que c’est l’avenir, et plus particulièrement que “l’Ethereum était l’avenir.”

Je suis choqué, de manière très positive, mais choqué!

Elle connaissait vraiment bien le sujet, et m’a même parlé des NFT’s (NFT — Wikipédia (wikipedia.org))

J’hésite à me pincer, mais non, je ne rêve pas!

Nous nous dirigeâmes vers son portefeuille de crypto-actifs. Nous retirons par la suite, ses actifs numériques afin de les convertir en euros, et les transférer sur son compte bancaire.

Mission réussie!

S’enchaîna ensuite, une discussion très intéressante sur les cryptomonnaies, tout en lui indiquant combien je suis impressionné, car faut avouer, que s’intéresser, comprendre, et investir dans la cryptomonnaie nécessite un niveau très élevé de compétences et de connaissances.

Un sujet qui va revenir sur la table ?!

30 % des français n’ont pas encore franchi le pas, mais envisagent d’en acquérir, cela voudrait-il dire que c’est un sujet qui va débarquer progressivement, et que de plus en plus d’usager viendront nous questionner sur la chose ?

Nous sommes plus où moins encore aux prémices de la cryptomonnaie, et il est fort possible que celle-ci s’installe progressivement dans notre quotidien.

D’ailleurs !

Des évènements tels que la guerre en Ukraine ont accélérés l’utilisation de ses actifs-numériques par des États. Cependant, les intérêts liés a l”utilisation des cryptomonnaies ne sont pas tous semblables…

(Voir Guerre en Ukraine et cryptomonnaies : le bitcoin s’illustre finalement comme valeur refuge | Investir (lesechos.fr) ou La crypto est au centre de la guerre de la Russie contre l’Ukraine – Groupe d’Etudes Géopolitiques (geopolitique.eu) )

Les cryptomonnaies sont-elles dangereuses ?

STOP!

Je déteste vraiment quand on parle de danger, les dangers d’internet ceci, les dangers des réseaux sociaux cela… de la crypto, et j’en passe… vraiment ça m’énerve. Enfin ça m’irrite quoi ! Parlons plutôt de dérives.

Comme dans tout, mais alors absolument tout, il y a des dérives. Et effectivement, il y a des dérives liés à la cryptomonnaie, comme vous avez pu lire plus haut. Comme dans les usages d’internet et ceux des réseaux sociaux…

Si on se concentre uniquement sur le “dangers”, qu’on qualifie les choses de dangers, qu’on n’en perçoit que les aspects “Dangereux” , on ne voit pas qu’il existe aussi des aspects positifs et souvent même plus que des négatifs. Il y a effectivement des dangers à prendre la voiture tout les jours et pourtant qui ne l’utilise pas? C’est comme tout.

[NDLR: à titre individuel on assiste à des comportements de rejet total à cause d’un aspect d’une dérive. À titre collectif, au niveau des états, la tendance est de vouloir réguler, par la Loi, tous les usages des outils, voire à en interdire (telle ou telle application en particulier). Une tendance qui comprend en elle-même le potentiel pour un autre type de dérives.]

Notre rôle dans tout ça ?

Le thème des cryptomonnaies au sein de la médiation numérique mérite que l’on élabore une directive précise.

Dans mon cas de figure, il n’y a aucun soucis, je veux bien aider Madame L. à retirer et à transférer sur son compte.

Mais  à l’inverse, je n’aurais jamais accepté d’aider un usager à investir/convertir son argent en crypto-actifs.

Notre rôle est avant tout d’aider à comprendre le monde numérique dans lequel on vit, de leur expliquer de manière neutre afin que l’usager se forge son propre avis sur la question.

Jusqu’où pouvons nous aller sur ce sujet? Quel est notre rôle? Simplement informer? Accompagner?

Je pense que l’ensemble des acteurs de la médiation numérique doivent se poser la question, ou du moins l’anticiper, afin de ne pas être submergé le jour où celle-ci se démocratisera de manière radicale (si cela venait à arriver bien-sur).

La médiation numérique actuelle relève de débats et d’initiatives entrepris il y a quelques années, la médiation numérique de demain demande que l’on en fasse de même.

[NDLR: ces questions ne sont pas nouvelles et accompagnent les évolutions du secteur de la médiation numérique à mesure que les usages numériques se développent. Le conseiller numérique peut accompagner l’usager à naviguer sur le site des Impôts mais n’est pas un conseiller fiscal. Idem pour s’y retrouver sur le site de la CAF… sans pour autant être un travailleur social. Il peut apprendre à rédiger un CV dans un logiciel de traitement de texte, mais n’est pas un conseiller emploi. Il peut vous montrer comment utiliser un logiciel de retouche d’image et de mise en page pour réaliser une affiche pour votre événement mais il n’est pas infographiste, etc.]

En espérant que Madame L. ouvre au débat et à la réflexion 😉

Amicalement vôtre,

Etienne.

 

Logos République Française - CNFS
Opération soutenue par l’Etat dans le cadre
du dispositif Conseiller numérique France Services
www.conseiller-numerique.gouv.fr

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